J'aimerais vous parler de ma cithare ...
J’aimerais vous parler de ma cithare. Partons du début alors …
Lors de ma retraite de confirmation en 2000, j’ai passé quelques jours à l’Abbaye Sainte Marie du Désert à Bellegarde, tout près de Léguevin. La liturgie des heures était accompagnée par un instrument que je ne voyais pas et que je ne reconnaissais pas. Il avait le don de faire silence en moi. C’était ma première rencontre.
Plus de 10 ans après, à l’occasion d’une autre visite à l’abbaye, j’ai cherché cet instrument. Le moine n’en jouait plus, mais il m’a simplement dit que c’était une cithare. Mystère.
Dans le même temps, une paroissienne de Léguevin m’a mise en contact avec un professeur de cithare, Marie Josèphe. Merci à elle pour m’avoir lancé : tout en me faisant découvrir sa cithare (ma 2ème rencontre avec l’instrument), en me donnant des cours, elle m’encourageait à définir pourquoi je voulais jouer et quel instrument allait me convenir. Je voulais jouer pour la paroisse, je voulais psalmodier, et personnellement je voulais retrouver ce silence. Elle me conseillait le grand psaltérion de l’Abbaye d’En Calcat, à Dourgne.
J’y suis allée.
Le coup de foudre. Le lieu, la liturgie grégorienne, la voix des moines, l’atelier de fabrication des cithares, l’accueil si chaleureux. J’y trouvais une mine d’information : l’histoire de la cithare, sa vocation, son inventeur, les professeurs, les sessions de formation, les groupes d’amateurs qui se rencontrent régulièrement…
Depuis 2013, je participe chaque année à une session de formation avec un professeur allemand, Catherine Weidemann. Je fais maintenant partie d’un groupe de citharistes amateurs. Nous nous rencontrons chaque mois à l’abbaye d’En Calcat pour jouer ensemble les partitions que nous avons à travailler entre deux rencontres. Je suis adhérente à l’association nationale « Amis de la cithare » qui est en lien avec d’autres associations internationales. Ceci me fait découvrir une communauté d’amateurs, de professionnels compositeurs, musiciens, luthiers, artistes peintres, musicologues, tous liés par la passion de la cithare à accords.
J’ai découvert l’histoire de ma cithare. Que je sois précise : mon psaltérion.
La cithare est un instrument de musique à cordes pincées. Cet instrument biblique est nommé dans plusieurs psaumes pour acclamer et louer le Seigneur : « Jouez pour le Seigneur sur la cithare, sur la cithare et tous les instruments » Ps 97,5 ; « Sur la cithare et le psaltérion, louez le Seigneur » Ps 150,3
Très utilisé à l’époque médiévale, il est resté très présent dans le folklore autrichien voire germanique ; il est répandu en Hongrie, en Suisse, en Slovénie et en France. Une catégorie de cithare est nommée Cithares à accord, équipées d’une partie mélodique jouée à la main droite, et la partie des accords jouée à la main gauche.
Dans les années 80, Père Patrice, moine de l’Abbaye d’En Calcat, a révolutionné la cithare à accords avec quelques autres frères de l’abbaye : il a inventé des modulateurs qui permettent de tirer les cordes tierces des accords pour passer du mode majeur au mode mineur ; il a considérablement agrandi la cithare en intégrant jusqu’à 12 accords. Le but était de faciliter l’accompagnement des psaumes durant les offices de la liturgie des heures au sein des communautés religieuses. Il est nommé Psaltérion. L’atelier de cithare de l’abbaye a vendu plus de 4.000 psaltérions, à la fois dans les monastères mais aussi pour les amateurs grâce à la simplicité de l’instrument.
Ce vendredi 9 décembre, Père Patrice a rejoint le Père, entouré de sa communauté à l’Abbaye pour ce passage dans l’autre monde. Il allait faire 100 ans le 7 janvier prochain. Avec lui une page se tourne. C’est l’histoire du psaltérion qui est ainsi marquée ; c’est l’histoire des moines d’En Calcat car il était le dernier à avoir connu leur fondateur, le Père Romain Banquet. Par le biais de nos professeurs, il était attentif à l’évolution du psaltérion dans nos paroisses. Dans notre groupe d’amateurs d’En Calcat, nous étions sensibles à son œuvre grâce aux témoignages des moines qui sont présents chaque mois à nos rencontres.
Ainsi, cet article que je partage avec vous, ma paroisse de Léguevin, se veut un témoignage de ma reconnaissance au Père Patrice, pour ce chemin spirituel inattendu que je découvre petit pas par petit pas. Oui, je vous le confirme Père Philippe : j’aimerais que mon psaltérion élève nos âmes vers le Seigneur le temps de nos prières dans notre belle église de Léguevin.
Corinne