" Va, quitte ton pays... " Pèlerinage en Terre Sainte 2014

« Partir, c'est laisser une partie de soi-même, appauvri de quelques Avoirs pour Etre davantage !

L'homme devenu pèlerin trouve sa vérité. Il n'est rien sur la surface du globe, un bouchon sur la mer, une paille au gré du vent, un grain de poussière sur le long chemin parmi les pèlerins de tous les temps, un homme parmi la multitude de ses frères... et pourtant, tous ces signes, toutes ces présences invisibles, tous ces dons reçus font de lui, si petit, un être qui a infiniment de prix, car il est aimé de Dieu. »

Depuis quelques mois, nous nous préparions pour vivre pleinement ce pèlerinage, pour ne rien manquer, pour mettre nos pas dans ceux de Jésus en toute humilité. Et nous avons vécu des moments forts, émouvants, étonnants, intenses et quelquefois amusants grâce à nos guides qui nous ont fait partager leurs savoirs, leurs connaissances, leur Foi et leurs espérances : Père Jean Joseph qui nous a éclairés durant tout ce pélé tant au niveau biblique que géologique ou botanique, Père Jean-François qui a su si bien prendre soin de son groupe, Père Charles et son humour toujours présent, Sylvia qui nous a fait découvrir son pays et ses particularités et Hussam, avec son enthousiasme débordant et sa foi imprégnant chacun de ces propos, qui nous a convaincus de la possibilité d'une paix durable sans oublier les différentes rencontres des frères et sœurs vivant et œuvrant dans ce pays.

Après avoir atterri et pris la route avec le bus de Anouar notre chauffeur, nous avons été subjugués par le contraste du ciel bleu se mêlant aux couleurs ocres du désert du Negev. Nous nous sommes faits tout petits devant l'immensité et la beauté du désert où des gens se sont pourtant installés et ont entrepris d'établir leurs demeures dans ce paysage de rochers et de craie où l'on peut facilement creuser sa maison à la cuillère....nous pouvons comprendre pourquoi car nous avons été enveloppés par la sérénité qui s'en dégage.

Jérusalem a été une découverte enivrante de senteurs, de couleurs, de saveurs au détour des ruelles à travers le souk, le Cardo et le quartier arménien.

L'appel à la prière du muezzin qui résonnait en écho aux quatre coins des ruelles de la cité ancienne nous a transportés vers un chemin de foi commun certes avec nos différences mais avec la même force.

Nous avons fait le chemin de Croix à l'aube naissante dans le silence et le calme des ruelles désertes....là encore des instants d'intense émotion, où nos cœurs se sont laissés habiter par ce que le Christ a ressenti jusqu'à la Croix. Station après station, l'Amour du Christ pour nous humbles pèlerins a rejailli. Pour se laisser à nouveau abandonner au recueillement, le lendemain matin, nous avons été un petit groupe à aller au Saint Sépulcre aux premières lueurs du jour.

Se recueillir au calme sans la foule dans ce lieu de douleur du Christ nous a bouleversés...le Golgotha, la dalle de marbre rose où le parfum délicat de la myrrhe transporte notre prière lorsque notre visage se laisse imprégner par la fraîcheur du marbre, le tombeau et son minuscule espace propice au recueillement, la petite chapelle catholique avec son magnifique chemin de croix en petits tableaux sculptés... Encore des émotions fortes qui inondent nos cœurs d'un amour infini.

A Taybeh, se laisser transporter deux mille ans en arrière en écoutant le récit des paraboles au sein de la maison du même nom, lieu qui montre la vie à l'époque du Christ, on comprend mieux la naissance de Jésus dans la crèche (qui veut dire grotte) qui abritait les animaux, alors que la pièce commune du dessus était déjà comble... Comme dit un proverbe arabe « Il y a toujours une place dans la maison s'il y a une place dans ton cœur ». La messe en arabe et français nous a transportés dans ces prières communes et nos cœurs ont vibré par l'écho des chants de leur chorale féminine.

Les rives du Jourdain et plus près de sa source le Lac de Tibériade nous ont rappelé les enseignements de Jésus, et les sources de notre foi.

A Nazareth, le tombeau du Juste à l'image de ce que fut celui du Christ à Jérusalem nous a plongés dans les mystères de sa mort et de sa résurrection. Dans la basilique de l'Annonciation, l'hommage à Marie par toutes les nations, nous rappelle le rayonnement de la foi chrétienne aux quatre coins du monde. Nous ne sommes plus ces grains de sable, ces fétus de paille, mais bien une immense communauté de croyants, et nous vibrons de cette force. Et dans cette terre rude mais Sainte, nous avons bien senti qu'au delà de toutes les religions qui s'y entremêlent, cet Amour et l'espoir de la Paix sont universels.

Dans tous ces lieux, nous avons réalisé l'humanité du Christ. Il n'est pas que Dieu, il s'est fait Homme pour nous permettre de marcher à sa suite.

Pour nous tous, ce pèlerinage aura été un grand moment de bonheur, de partage et de prières avec tout le doyenné, les personnes présentes et toutes celles que nous portions dans notre prière chaque jour.

Les enfants nous disaient souvent en rentrant de pélé : « ça se vit, ça ne se raconte pas !! », on comprend mieux pourquoi !!

Alors pour tous ceux qui hésitent à franchir le pas, on ne peut que leur dire :

« Va, quitte ton pays... » (Gn 12, 1)

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