Hospitalier à Lourdes, je suis devenu Chrétien de coeur
Mon meilleur ami, Adrien, me parlait souvent de ce pélerinage, il m'encourageait à venir : "allez viens, tu verras c'est super !". En 2009, j'ai décidé de me lancer et d'y aller "pour voir".
L'hospitalité diocésaine de Toulouse est organisée en secteur. Léguevin appartenant au secteur de Plaisance, je suis parti avec ce bus. Chrétien non pratiquant à l'époque, les chants religieux et prières dans le bus m'ont surpris et je me demandais où est-ce que j'allais.
Mais au fond de moi, quelque chose m'appelait, alors j'étais heureux de partir pour vivre ce qu'Adrien me parlait avec tant de joie. Dans le bus, il y avait des hospitaliers (les femmes étaient vêtues d'une blouse rose, et les hommes portaient une chemise rose, la couleur de Toulouse !), et des pélerins (personnes âgées, malades et handicapés).
Les nouveaux hospitaliers, nous avions eu une petite formation quelques semaines avant le départ. Dans le bus, le responsable de secteur nous donné une fiche explicative avec le programme du pélerinage et surtout le groupe dans lequel nous étions rattachés : le groupe "navette", le groupe "restauration", le groupe "chambre"... Pour chaque groupe, il y a un responsable d'équipe. C'est très bien organisé, et heureusement car les journées sont intenses et le travail ne manque pas.
Lorsque le bus a franchi les portes de Lourdes, je regardais par les fenêtres comme un enfant qui découvre un monde magique. Cela peut paraître bête mais j'avais le pressentiment que j'allais vivre quelque chose de grand. Le bus nous a déposés au foyer, et nous avons commencé par la montée des bagages dans les chambres, l'installation des pélerins au restaurant, l'aide pour le repas... , puis nous avons durant 4 jours suivi le programme : messes, passage à la grotte, piscines, confessions, procession mariale, conférences, rencontres ...
En fait, le rôle d'hospitalier, c'est d'accompagner les pélerins dans leur pélerinage. Nous sommes à leur service, mais finalement, nous sommes au service de Dieu. Nous sommes à leurs "petits soins", et nous faisons tout pour que les pélerins se sentent bien et vivent intensément leur pélerinage. Il faut savoir que la majorité d'entre eux sont en maison de retraite ou en centre et que pour beaucoup, c'est leur seule sortie de l'année. Ils attendent ce pélerinage toute l'année.
Pour ne rien vous cacher, les hospitaliers aussi attendent ce pélerinage toute l'année. Car même si nous sommes hospitaliers, nous sommes aussi pélerins ! Avec les malades, nous vivons ce pélerinage, en communion. Au niveau du rythme, soyons clairs, il est intense et fatiguant. Mais paradoxalement, lorsqu'on est à Lourdes, au service des malades, nous ne ressentons pas la fatigue.
En tout cas, personnellement, même s'il y avait des moments où j'étais fatigué, j'avançais porté par une force. Cette force c'est celle du chrétien, et c'est en cela que ce pélerinage fût pour moi une révélation. Avant ce pélerinage, Chrétien oui je l'étais de fait puisque j'avais été baptisé et que j'avais fait ma communion. Mais, à l'issue de ce pélerinage, je suis devenu Chrétien de coeur. C'est difficile à expliquer ou à exprimer... En fait, pour faire simple, j'ai vécu à Lourdes, lors de ce premier pélerinage, quelque chose de fort, de puissant, d'intense. Quelque chose qui ne peut s'exprimer, je crois, par des mots. Il faut le vivre pour le comprendre. Ces rencontres, ces échanges, ces moments de partage avec les malades m'ont apporté plus que de la joie. En y pensant, j'ai ma poitrine qui se serre, mon coeur qui bat plus vite, mes yeux qui brillent. C'est dire, l'intensité émotionnelle et spirituelle que l'on peut vivre dans ces moments !
Il y a des hospitaliers de tout âge, et chacun aide dans la mesure de ses possibilités. J'ai été heureux de voir le nombre de jeunes hospitaliers. Nous avons créé pendant ce pélerinage, des liens d'amitié. Même si, comme je l'expliquais, le programme est chargé et les journées intenses, nous faisons des rencontres et nous partageons entre hospitaliers. Ce qui m'a le plus surpris c'est qu'une fois à Lourdes, au sein de l'hospitalité diocésaine, on a comme l'impression d'être dans un monde merveilleux. Nous sommes loin du négatif que l'on peut vivre toute l'année dans nos vies personnelles et professionnelles : les critiques, les mauvaises paroles, les mots désagréables, et toutes sortes de perversions de la société.
A Lourdes, que ce soit avec les malades ou entre hospitaliers, tout le monde se respecte, et je dirais même, tout le monde s'aime. On est heureux tout simplement. D'ailleurs, on en revient ressourcé sur le plan personnel, sur le plan humain et sur le plan spirituel.
Mais ce qui m'aura marqué le plus, c'est le sourire des malades, leurs regards ou leurs paroles. Au travers de cela, ils donnent beaucoup plus que ce qu'on leur donne. Je l'écris avec beaucoup d'émotion, et chaque fois que je reviens de ce pélerinage, je ne peux m'empêcher de pleurer. Pleurer, non pas de tristesse, mais pleurer de joie. L'émotion est intense. On vit quelque chose de grand, de beau, d'inexprimable. Après ce premier pélerinage, je suis allé plusieurs fois à la Messe dans l'année, je priais plus souvent.
Et puis, l'année suivante, en 2010, lors du pélerinage diocésain, j'ai fait une des plus belles rencontres de ma vie, celle de Monseigneur Hervé Gaschignard. Je me suis confessé auprès de lui, et il m'a encouragé à me préparer à la Confirmation. J'ai donc à mon retour, contacté la paroisse des étudiants de Toulouse et j'ai intégré le groupe de préparation à la Confirmation. Je me suis rapproché de l' Eglise, j'ai renforcé ma foi. Depuis, je retourne à la source (à la Messe) quasiment tous les dimanches (à la Messe des étudiants de Toulouse) et je prie tous les jours. Le 17 avril 2011, j'ai reçu le Sacrement de Confirmation par Monseigneur Hervé Gaschignard en la Cathédrale de Saint Bertrand de Comminges. C'était un départ dans ma vie de chrétien, serviteur de Dieu. J'ai une mission, celle de faire le bien, d'être acteur de Paix et d' amour entre les hommes. En tout cas, j'essaye, comme je peux dans ma vie de tout les jours. Parfois c'est dur, parfois on n'y pense plus, parfois même on fait le contraire, mais la prière nous redonne du courage et Dieu nous donne de la force. Il faut ouvrir son coeur pour recevoir les Grâces de Dieu. Et à partir de cela, on avance sur le chemin de la Lumière, guidé par le Seigneur et par notre coeur.
Six mois après ma Confirmation, mon père est décédé. C'est très dur de perdre son père si jeune. Il avait 52 ans et la maladie l'a emporté. Certains se posent des questions dans ces moments là, notamment sur la foi. Certains se disent, dans les moments tragiques : "si Dieu existait, il n'y aurait pas de malheurs, ça ne serait pas arrivé". Moi, c'est le contraire. Je vis "bien" cette séparation physique car je sais que mon père était enfant de Dieu et que son esprit l'a rejoint. Dieu nous donne, à ma famille et moi, la force et le courage d'avancer, de continuer avec confiance et espérance. Je remercie Dieu de m'avoir fait le fils de mon père et d'avoir partagé 22 ans de ma vie avec lui. La vie est ainsi, la vie est fait de joies et de tristesses, mais la vie est un cadeau de Dieu, la vie est belle si on ouvre son coeur pour recevoir les Grâces de Dieu.
Je vais au pélerinage diocésain en tant qu'hospitalier depuis août 2009 (sauf 2011 où je suis restais m'occuper de mon père). Chaque année, c'est comme un appel, j'y retourne et chaque année, je vis quelque chose de fort mais d'inexprimable. J'encourage chacun à le vivre, au moins une fois dans sa vie. Il n'en sera qu'enrichi sur le plan humain, sur le plan personnel et sur la plan spirituel. Mon premier pélerinage a été une révélation, celle d'être chrétien de coeur. Cette révélation m'a permis de demander et de recevoir le Sacrement de Confirmation, qui fût un départ dans ma vie.